Le cinéaste
Léonce NGABO était passionné de cinéma dès son enfance
Déjà à la paroisse St Joseph de NGAGARA Q3 était érigé un mur-écran sur lequel étaient projetés des films de Charlie Chaplin (Charlot) et autres films de propagande religieuse.
Chaque fois que l’occasion se présentait, il s’y rendait en compagnie de ses grands frères et autres compagnons de quartier.
A cette époque, les films de Charlie Chaplin (charlot)le faisaient rêver et l’avaient convaincu qu’un jour, il achètera pour sa mère des patins à roulettes qui lui permettront de se rendre chez elle à Gitongo-Mutaho, en Province de GITEGA, sans problème.
Et plus tard, dès son début de l’école secondaire au Collège du Saint Esprit, les films de l’époque romaine le faisaient rêver d’avoir un corps d’athlète pour soulever des montagnes. Mais c’est plutôt au collège DON BOSCO de NGOZI dirigé pour les Pères Salésiens qu’il va rencontrer un jeune professeur belge, Monsieur Gilbert DUCARME qui lui donnera la motivation et l’énergie de se lancer réellement dans le cinéma. Ce dernier, un artiste multi talentueux, va former Léonce NGABO a développer son goût de chanter, de jouer à la guitare, ou de jouer dans les pièces de théâtre. En particulier il joue pour la première fois dans un pièce de théâtre intitulée « LA NUIT DE LA TREIZIEME LUNE » composée par son mentor Gilbert Ducarme, Gilbert possédait une caméra 8mm avec laquelle il entraina tous ceux qui s’intéressaient au cinéma. Léonce NGABO en faisait partie.
Et plus tard quand Léonce NGABO se rend en Algérie en 1977 pour ses études supérieures en Chimie, il profite de chacune de ses vacances d’été pour rendre visite à son mentor Gilbert. Ce dernier était rentré dans son terroir natal, Mons, Belgique pour fin de contrat de coopérant au Burundi, dès la fin de l’année scolaire 1970-1971.
Les déplacements vers la Belgique avaient une double motivation : d’abord rendre visite à son petit frère Benoit NTIYANOGEYE qui étudiait à Louvain-la-Neuve, et revoir un mentor qui lui a permis de développer et de jouir de ses talents.
Quand Léonce NGABO finit ses études de chimie en Algérie en 1981, il se rend à Mons pour dire au revoir à son ami Gilbert Ducarme.
Toutefois, dans la période des vacances d’été entre 1978 et 1981 G. Ducarme l’amenait chaque soir dans un cinéma de Mons pour voir un film après lequel il lui faisait faire une analyse filmique sans qu’il ne s’en rende compte.
Un soir de 1981 presque à la veille de son départ définitif au Burundi, Léonce NGABO s’entend interpellée par G. Ducarme, pendant qu’ils sirotait paisiblement une bière belge la JUPILER
- D. – Léonce et si tu faisais un film ?
L.N – faire un film ? Gilbert je suis venu te dire au revoir, je rentre au pays pour être un professeur ou un chercheur en chimie
G.D.- Oui. Léonce sais-tu qu’aucun congolais , aucun rwandais, aucun burundais n’a jamais fait un film jusqu’à ce jour ? Tu pourrais être le premier.
L.N. -Ha! Ha ! Cher Gilbert, tu as été un prof pour moi pendant des années au College, mais maintenant je vais être un grand prof chez moi. J’ai une licence en Chimie !!!
Après coup et malgré tout, Léonce NGABO acquiesce la proposition de Gilbert et la grande aventure de “LE RETOUR FABULEUX DE GITO”, titre provisoire, commence. Léonce rentre au Burundi au moment où l’internet était encore impensable, non seulement en Afrique. Il faudra donc 7 ans d’échanges épistolaires par poste et souvent avec toute la longueur d’attente du courrier dans un sens ou dans un autre. Le temps de rédiger quelques pages de scénario, de les envoyer par poste, d’attendre le retour des corrections le document final d’un projet de court métrage, muet, 16mm fut déposé au Ministère de la communication au Burundi en 1989 sans aucune prétention ni espoir de voir le film se réaliser un jour.
Et pourtant, la providence se présenta en 1989 quand un producteur suisse Jacques SANDOZ vint au Burundi pour les repérages de son film intitulé provisoirement “LA PART DU SERPENT”.
Dans le processus de recherche des autorisations de tournage, Jacques SANDOZ rencontre le Ministre Frédéric NGENZEBUHORO qui le met aux contacts de Bonaventure NICIMPAYE Directeur de Intercontact pour le suivi du dossier.
Le Ministre fait humblement demande à Jacques de lire le projet de Léonce et de lui faire part des conseils pour confirmer l’intérêt du projet et l’appui du Gouvernement éventuel. Jaques rentre à l’hôtel avec le fascicule d’une vingtaine de pages. Le lendemain tôt le matin, il demande à Bonaventure de rencontrer ce jeune rêveur cinéaste. Ils se retrouvent dans les bureaux de Intercontact. Jacques manifeste spontanément son intérêt et propose de développer le court métrage muet en long métrage 90 min en VO française, tourné en 35mm.
Le contrat est signé, l’aventure prend forme et le film est désormais intitulé “GITO L’INGRAT”.
Le film est tourné en 1991 et ses premières sorties dans différents festivals du film africain connaissent un tel succès que Jacques SANDOZ, en 1993, propose à Léonce d’écrire un scénario pour un deuxième film fiction de long métrage.
Léonce s’y met avec le titre provisoire “LE PARFUM DU CIEL”. Malheureusement avec l’assassinat du Président de la République Melchior NDADAYE et la grise qui s’ensuit. Léonce prend la decision de s’exiler au Canada, avec sa famille.
Il fait d’abord un transit d’un an en Afrique du Sud où il joue des petits rôles dans des films sud africains puis se retrouve au Canada où il poursuit l’écriture de” LE PARFUM DU CIEL” et joue des rôles secondaires dans 2 films canadiens “UN DIMANCHE À KIGALI” de Robert Favreau et “J’AI SERRÉ LA MAIN DU DIABLE” de Roger Spottiswood
En 2006, Léonce NGABO décide de rentrer au Burundi et crée plusieurs structures de promotion et de production cinématographiques, dont Productions GRANDS LACS (PGL) et le Festival International du Cinéma et de l’Audiovisuel du Burundi, en sigle FESTICAB.